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Migrants and refugees gather in the streets during the evacuation of a makeshift camp at Porte de la Chapelle, northern Paris, on July 7, 2017, one of several camps sprouting up around the French capital. French authorities proceeded to the evacuation of more than 2,000 migrants settled in a makeshift camp in the north of Paris, a few days before the presentation of a "migrant plan" by the government. / AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

Les conseils citoyens Paris 18 et Paris 10 interpellent le préfet de Paris à propos des migrants et réfugiés dans les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville

FRANCE-MIGRANTS-EVACUATION
Migrants and refugees gather in the streets during the evacuation of a makeshift camp at Porte de la Chapelle, northern Paris, on July 7, 2017, one of several camps sprouting up around the French capital. French authorities proceeded to the evacuation of more than 2,000 migrants settled in a makeshift camp in the north of Paris, a few days before the presentation of a « migrant plan » by the government. / AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

A l’attention de Monsieur Michel Cadot,                                                 Paris, le 21 juillet 2017.

Monsieur Michel Cadot, Préfet de Paris

Depuis maintenant presque trois ans, la ville de Paris fait face à une urgence migratoire sans précédent. Une multiplication du nombre de conflits armés de grande ampleur dans le Moyen- Orient et en Afrique Sub-Saharienne ont forcé des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à quitter leurs pays d’origine à la recherche d’une vie meilleure. Cette situation a eu des répercussions particulièrement visibles au sein de notre capitale. En effet, l’installation de tentes de fortune le long de boulevards passants et les piles de déchets éparpillés à même le sol sont devenus des images presque banales dans la vie quotidienne de nombreux parisiens.

Des différents quartiers de notre ville, l’extrême nord du 18 ème arrondissement est probablement le plus symptomatique de cette crise migratoire. En effet, le 10 novembre 2016, le Centre de Premier Accueil (CPA) a ouvert à la Porte de la Chapelle. Conçu comme un lieu de transit pour des primo-migrants tout juste arrivés à Paris, le CPA a d’abord permis de soulager un grand nombre de personnes démunies et sujettes à des troubles aussi bien mentaux que physiques. Entre le 10 novembre 2016 et le 21 juin 2017, 12 043 ménages ont ainsi évité de camper dans le rue et ont obtenu un soutien dans leur projet d’intégration avant d’être redirigés vers un centre de plus longue durée. Les efforts de nombreuses associations telles qu’Emmaüs Solidarité, Utopies 56 et France Terre d’Asile méritent d’être soulignés à cet égard.

Ceci dit, il semble aujourd’hui que le dispositif mis en place à l’automne 2016 ait aujourd’hui largement atteint ses limites. La baisse successive du nombre d’orientations vers des centres de longue durée combinée à des arrivées toujours plus nombreuses a entraîné une croissance sans précédent du nombre de campements informels dans le quartier de la Chapelle.
A titre de comparaison, il est estimé que 200 personnes arrivent chaque semaine en provenance de pays en guerre, un chiffre égal à la moitié de la capacité maximale du centre de premier accueil situé dans le 18ème arrondissement. Dans ce contexte, l’épidémie de gale qui a resurgi il y a quelques semaines ainsi que les tensions quasiment quotidiennes avec les forces de l’ordre installés devant le CPA ne sont que des conséquences évidentes d’une ingérence politique de l’urgence migratoire. Une ingérence que les habitants du quartier ne tolèrent aujourd’hui plus.

Comme vous le savez, le 18ème arrondissement est sujet à des difficultés socioéconomiques importantes. Le taux de chômage élevé, l’accès inégal à une éducation de qualité et les divers défis sécuritaires ont entraîné le ciblage de plusieurs quartiers dits « prioritaires », notamment ceux de la Porte de la Chapelle – Charles Hermite et La Chapelle –Evangile, où se concentrent la grande majorité de migrants en attente d’une entrée dans le CPA.
La mise en place du Conseil Citoyen Paris 18 destiné à co-construire la politique de la ville a permis aux habitants de ces quartiers d’évoquer les défis (Groupe de travail Migrants/Réfugiés) auxquels ils font face quotidiennement et de réfléchir collectivement à des solutions.

Lors d’une réunion commune avec le Conseil Citoyen du 10ème (Groupe de Travail Primo-arrivants), il a été convenu de vous saisir du problème. En effet les Quartiers dits Politique de la Ville sont saturés par cette problèmatique et en conséquence les habitants en souffrent, alors qu’ils sont déjà en difficulté. Depuis de trop nombreuses semaines, les conditions inhumaines dans lesquelles se trouvent ces migrants concentrent nos débats et font répétitivement l’objet de plaintes d’habitants excédés.

C’est précisément pour cette raison que nous vous interpellons aujourd’hui. Plus précisément, nous vous demandons de mettre fin à l’approche exclusivement sécuritaire mise en place actuellement en faveur d’une approche résolument humaine qui tient compte des atrocités auxquelles font face ces personnes forcées à fuir leur pays pour finalement vivre dans la rue dans des conditions tout aussi déplorables. L’évacuation de vendredi dernier – la 34ème opération de ce type à Paris depuis juin 2015 – n’est pas une réponse digne attendue d’un pays reconnu mondialement pour son respect des droits de l’homme. De plus, la répétition de ses évacuations ne représente pas une solution viable sur le long terme, étant donné qu’au moins 150 personnes se sont d’ores et déjà réinstallés à hauteur du Boulevard Ney, il en va de même à Château-Landon, dans les jardins publics, sur les trottoirs autour des gares, et des centres d’hébergement. C’est pourquoi, nous vous demandons également de renforcer les capacités d’hébergement actuelles sans pour autant les maintenir dans les dits quartiers saturés et sous tensions – aussi bien en termes de CPA que de centres de plus longue durée – et de mettre en place une répartition organisée des migrants sur l’ensemble du territoire national comme cela se fait en Allemagne ou en Italie par exemple. Sans une approche cohérente au traitement de la situation des migrants, le bien-être de nos habitants et la paix sociale qui a historiquement caractérisée le 18ème arrondissement sera compromise.

En vous remerciant de votre attention, dans l’attente d’une réponse favorable de votre part quant aux mesures prises en ce sens dans le cadre du contrat ville, nous vous prions de bien vouloir agréer, cher Monsieur le Préfet, l’expression de toute notre considération.

Gertrude Dodart                                                             Bangaly Faté DUNFAKHA
Présidente suppléante du CCP18                                Conseil Citoyen Paris 10
Co-référente du groupe migrant/réfugiés                 Référent du groupe PRIMO ARRIVANTS

 

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