You are currently viewing Les gouvernements à la recherche de leur société civile 

Les gouvernements à la recherche de leur société civile 

Le Conseil Citoyen du 18ème arrondissement a été contacté par une doctorante à l’Ecole Polytechnique de Turin à propos de son projet de recherche sur les outils de coproduction urbaine. Elle souhaitait ainsi mieux nous connaitre.
Celle-ci nous a permis en retour de reproduire quelques extraits de ses écrits sur « Les gouvernements à la recherche de leur société civile : outils de co-production urbaine pour promouvoir l’innovation urbaine ou rhétorique tactique ? » que voici :

« Dans le scénario socio-économique actuel, la crise économique mondiale et les politiques d’austérité adoptées dans de nombreux pays européens ont profondément réduit l’efficacité des actions à l’aide sociale et ont conduit à une escalade des politiques néolibérales dans les villes. Les villes contemporaines assistent donc à un retrait des interventions publiques sur les questions urbaines, mais en même temps à une recrudescence des initiatives citoyennes, visant à combler de manière autonome les lacunes des administrations publiques.
De plus, nous assistons à une crise des formes de représentation. En fait, comme en témoigne le débat public national et international, la démocratie représentative est de plus en plus en crise et la démocratie participative n’a pas encore un équilibre.
 Au sein de ce complexe cadre socio-politique, une question cruciale et très controversée concerne donc le rôle de la société civile (citoyens et associations) dans la « création urbaine ».
Ces dernières années, dans de nombreuse villes européennes, l’innovation sociale a été considérée comme une solution possible à la crise économique et aux échecs actuels du système des actions à l’aide sociale, concluant que la société civile peut coopérer, et parfois même remplacer le gouvernement, dans les interventions de gestion urbaine et d’aménagement du territoire.
En ce sens, de nombreux pays européens aux modèles de gouvernance territoriale différents ont récemment tenté d’organiser et de mettre en valeur ce grand forment d’innovation sociale citoyenne dans des cadres institutionnels. Parmi les exemples emblématiques de cette nouvelle confiance dans la co-création et la cogestion de la ville entre les gouvernements et les citoyens/associations, on peut citer les Neighbourhood Plans établis en 2011 en Angleterre avec la loi sur le localisme, les Conseil Citoyens établis en 2014 en France pour repenser la ‘Politique de la Ville’, et le processus de construction de lignes directrices pour la collaboration des citoyens au développement urbain et spatial lancé en 2017 au Land de Berlin. Ces nouveaux outils sont l’expression évidente que dans le scénario actuel, la gouvernance spatiale ne peut plus être interprétée dans une perspective à sens unique.
Toutefois, l’émergence de ces nouvelles formes de gouvernance hybride nécessite une réflexion plus approfondie sur la possibilité de codifier l’innovation sociale crée la société civile par des instruments formels.

Cette recherche vise à étudier l’application de ces outils dans trois villes d’étude, Paris (Conseils Citoyens), Londres et Berlin. Le projet de recherche vise à comprendre si ces outils définis par les gouvernements peuvent promouvoir et canaliser vertueusement l’innovation sociale ou s’il s’agit d’une ruse rhétorique pour déléguer des responsabilités – sans en donner de véritables pouvoirs – à la société civile et ainsi coopter ses énergies citoyennes dans une situation de pénurie des ressources publiques.
Plus concrètement, la recherche vise à comprendre :

  • Dans quelles conditions et dans quelles configurations institutionnelles il est possible de développer des relations d’engagement mutuel entre les municipalités et les capacités citoyennes.
  • Et si les nouveaux instruments de gouvernance urbaine peuvent transformer les relations de pouvoir établies entre administration publique et société civile, ou sont simplement ‘des mécanismes pour accompagner’ les traditionnelles relations asymétriques du pouvoir. 

»

Laisser un commentaire